Fascinée par la lutherie et les instruments depuis toujours, j’ai passé la plupart de mon enfance au fond du jardin, avec d’abord comme seules armes mes rêves et mon couteau suisse, essayant de défricher ce chemin qui mène du bois à la musique. Des rencontres me guidaient aux virages – des livres, un vieil ébéniste-sculpteur, un luthier du dimanche du coin…
En partant faire des études de musique aux États-Unis puis aux Pays-Bas, j’ai gardé une place dans mes bagages pour les outils, malgré la ritournelle inquiète de l’entourage, « Tu vas te couper un doigt ! » Soit. Je les ai toujours, mes dix doigts. En équipe avec violoncelle et viole de gambe nous avons beaucoup voyagé depuis.
Une rencontre décisive, à Paris dans les années 90 – Craig Ryder, avec sa patience et sa générosité sans borne, accepte de me former à l’archèterie. S’ouvre alors une nouvelle étape. L’établi, les copeaux et la recherche à la maison, et en tournée les séances de mesures aux musées, les essais d’originaux et de copies en concert, et les grandes discussions du soir avec les collègues. Pour Lully, pour Purcell, pour Bach – qu’est-ce qu’il nous faut ? qu’est-ce que l’archet nous apprend ? comment le tenir ? et pour Beethoven, pour Schubert ? c’est mieux comme ci ou comme ça ?
Avec la responsabilité d’une classe au conservatoire vient se rajouter à cette réflexion la conception des archets pour enfants et adolescents – comment marier facilité d’utilisation et sonorité encourageante ? Quelle hausse pour quelle main ?
L’archet est une « machine » si simple que chaque détail devient critique et peut être déterminant pour le tout.
Instruments and instrument making have always fascinated me. Much of my childhood was spent out in the garden shed, trying to re-invent the path from wood to music with no more tools than dreams and a swiss army knife. Occasional guides helped me stay on track – books, a retired cabinet-maker, a local weekend fiddle-fixer…
Packing up to go and study music performance in USA, then in Holland, I managed to keep a spot for my tools in the suitcase, despite the worried warnings all around, ‘You’ll chop a finger off one of these days!’ I still have all my fingers, and travelling together with cello and gamba, we have covered a lot of ground since then.
An important encounter in Paris in the early 90s – Craig Ryder, with limitless patience and generosity, gave me a good push in the right direction by accepting to train me in bowmaking. Research, workbench and woodchips at home ; on tour, measuring up bows in museum collections, trying out originals and copies on stage and discussing with colleagues deep into the night. What do we need for Lully, for Purcell, for Bach? What about Beethoven or Schubert? What can this bow teach me, and how should I hold it? Is this better, or that ?
Later, adding teaching responsibilities to my schedule brought up new questions about bows for learners, especially children and teenagers – how can we best combine ease of use and satisfying sound? Which frog-shape for which hand?
Bow design is such a simple system that every detail becomes critical and can make or break the final result.