Marion Middenway, ancienne violoncelliste professionnelle, façonne des archets historiques en Mayenne

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Mercredi 31 mars 2021
Par
Laurine Benjebria, France Bleu Mayenne, France Bleu

Marion Middenway est musicienne, mais depuis cinq ans maintenant, depuis Le Hallier, à Saint-Pierre-sur-Orthe (Mayenne), elle fabrique des archets reprenant les modèles historiques, comme ceux du XVIe siècle. Une passion qui lui est venue toute petite, en Australie.

Marion Middenway est archetière et musicienne © Radio France – Laurine Benjebria

Si vous passez par le hameau du Hallier, à Saint-Pierre-sur-Orthe, en Mayenne, vous entendrez quelques notes de violoncelle ou de viole de gambe. Ce n’est pas un concert qui se tient, mais Marion Middenway qui teste ses archets. Cette ancienne violoncelliste professionnelle se consacre depuis cinq ans à sa nouvelle carrière d’archetière. Elle s’est spécialisée dans les archets historiques, en fabriquant des copies d’archets anciens comme ceux datant du XVIe siècle. Cette passion pour le bois lui est venue dès son plus jeune âge.

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La musique et le bois, deux passions de son enfance

Cette Australienne est arrivée dans notre département il y a une quinzaine d’années, après plusieurs années à courir le monde pour des tournées de concerts. Elle a commencé le violoncelle à l’âge de six ans pour imiter sa babysitteur qui en faisait et qu’elle adorait. Mais dès ses douze ans, lui est « venue une envie impérieuse de travailler le bois » : « J’avais toujours un canif dans ma poche« , s’amuse Marion Middenway qui réclame alors des cours d’ébénisterie. 

Elle a alors le projet de suivre une formation de lutherie, en parallèle de ses études de violoncelle. « A 18 ans, est venue l’heure du choix, il fallait choisir entre des études supérieures de lutherie et des études de musique« , raconte-t-elle.

 

Le choix est finalement vite fait : elle reçoit une bourse pour étudier le violoncelle aux Etats-Unis. S’ensuivent des tournées à Bruxelles, New York ou encore Berlin. Elle se crée alors « une petite réputation dans un cercle de continuistes baroques« . Mais sa passion pour le bois la suit toujours : « J’étais toujours en train de demander à mes collègues de me montrer leur instrument et leur archet« . Elle s’interdit cela dit de travailler le bois car tout le monde redoutait qu’elle se coupe. « Vers 35 ans, je me suis dit ça suffit, un jour je suis donc allée chez mon luthier, je lui ai avoué qu’à chaque fois que j’entrais dans son atelier, j’avais envie de pleurer à cause de cette espèce de nostalgie pour un truc que je n’avais jamais pu poursuivre« , se remémore Marion.

Elle suit alors des stages et se met à fabriquer des archets qu’elle n’a ensuite jamais lâché. Et voilà maintenant cinq ans qu’elle se consacre entièrement à cette profession.

Pour fabriquer un archet, il faut tailler, raboter et poncer le bois © Radio France – Laurine Benjebria

Des archets historiques

Marion Middenway ne construit pas n’importe quel archet, « je me suis spécialisée dans les archets historiques« . Elle fabrique donc deux archets par mois, avec une méthode très particulière et très recherchée. Elle a tout un carnet de notes sur les archets qu’elle a pu observer dans des musées. 

Je ne fabrique pas des archets pour tous les musiciens, mais pour ceux qui s’intéressent à la musique historique, à la musique ancienne.

« A chaque fois que j’étais de passage dans une ville et qu’il y avait un musée sur la musique classique, je mesurais les archets« , explique l’ancienne musicienne. Elle étudie donc ses croquis et notes, mais elle se penche aussi sur des tableaux d’époque. Toute une recherche iconographique qui lui permet donc de reproduire ces copies de modèles anciens. Ensuite, il faut travailler le bois, ce qui peut lui prendre au moins une semaine, selon les modèles.

Une fois l’archet terminé, il faut le tester… pour le plus grand plaisir de Marion Middenway © Radio France – Laurine Benjebria

Les archets de Marion se vendent en France, mais aussi en Belgique, pour une somme assez coquette : entre 1.000 et 1.700 euros.